Cela faisait une décennie qu’il gardait le silence. Aujourd’hui, Kevin-Prince Boateng a choisi de parler, sans détour. Dans une intervention remarquée sur le podcast Vibe with Five, l’ancien milieu offensif ghanéen est revenu sur l’un des épisodes les plus troubles de sa carrière : son exclusion de la sélection nationale en pleine Coupe du Monde 2014, au Brésil.
Jusqu’ici, les raisons officielles de son départ précipité restaient floues. Cette fois, Boateng raconte sa version, dans un ton direct et visiblement chargé d’émotion. « Cette année-là, j’ai été mis dehors de la sélection et de mon club, Schalke, pour la même raison : j’avais osé parler de primes et d’organisation. J’ai simplement dit ce que beaucoup pensaient tout bas », confie-t-il.
Une sanction express, sans explication
L’ancien joueur ne cache pas son amertume. À l’époque, les Black Stars s’apprêtaient à affronter le Portugal pour leur dernier match de poule. Mais Boateng n’a jamais foulé la pelouse ce jour-là.
« On a eu une réunion la veille. J’ai dit ce que je pensais de la manière dont on était traités. Le lendemain, à l’aube, je trouve une lettre glissée sous la porte. On m’annonce que je suis exclu. Un journaliste allemand me téléphone, il est au courant avant moi. Je n’avais que quinze minutes pour quitter l’hôtel », raconte-t-il.
Ce départ précipité n’a laissé place à aucune discussion. La sélection a continué sans lui, et Kevin-Prince Boateng n’a plus jamais porté le maillot national. Son éviction avait été relayée comme une mesure disciplinaire. Aujourd’hui, il parle plutôt d’une sanction politique.
🇬🇭 Kevin-Prince Boateng telling how he was kicked out of the @GhanaBlackstars at the 2014 World Cup.
Very funny now, listening to him. Time heals wounds, indeed. pic.twitter.com/kMiNL4HIEj
— Gary Al-Smith (@garyalsmith) June 17, 2025
Un malaise profond au sein des Black Stars
La Coupe du Monde 2014 avait déjà été marquée par des tensions entre les joueurs et les dirigeants de la fédération ghanéenne, notamment à propos des primes impayées. Plusieurs conflits avaient éclaté dans le camp des Black Stars, donnant lieu à des scènes de chaos, parfois à huis clos.
Boateng n’était pas le seul à subir les conséquences. Son coéquipier Sulley Muntari avait également été exclu du groupe pour des raisons similaires. À la lumière des révélations de Kevin-Prince, on comprend que ce n’était pas un simple problème de comportement : c’était le reflet d’un système bancal, d’une gestion critiquée, et d’un vestiaire divisé.
Dix ans après les faits, la sortie de Kevin-Prince Boateng ne répare rien, mais elle éclaire. Son témoignage ne fait que confirmer ce que beaucoup soupçonnaient : que cette sélection ghanéenne, pourtant talentueuse, a été minée par des conflits internes profonds. En brisant le silence, Boateng ne cherche pas à régler ses comptes, mais à poser des mots sur une fracture encore douloureuse dans l’histoire du football ghanéen.