Le football africain n’a jamais manqué de talent. Mais sur la scène mondiale, les rêves ont souvent viré au cauchemar, au gré d’occasions manquées, d’erreurs fatales ou de scénarios cruels. Voici cinq désillusions qui restent encore en travers de la gorge des supporters du continent.
Cameroun 1990 : la demi-finale à portée de crampons
Le 1er juillet 1990, à Naples, tout un continent y a cru. Les Lions Indomptables, emmenés par un Roger Milla ressuscité, tiennent tête à l’Angleterre en quart de finale. À la 65e, Ekeke puis Milla renversent le score (2-1), et le Cameroun touche du doigt une demi-finale historique. Mais deux penaltys de Lineker, dont un en prolongation, viennent doucher l’espoir.
Ce match, c’est plus qu’une défaite. C’est le jour où l’Afrique a frôlé le sommet, avant de retomber brutalement sur terre. La gestion tactique, les fautes naïves, le manque d’expérience… tout a joué. Une désillusion au goût amer, car tout semblait possible.
Sénégal 2002 : le miracle qui n’a pas eu lieu
Après avoir éliminé la France en match d’ouverture, les Lions de la Teranga déjouent tous les pronostics. Ils dominent la Suède en huitième (but en or d’Henri Camara), et se retrouvent à 90 minutes d’une demi-finale contre la Turquie.
Mais à Osaka, le 22 juin, le rêve s’effondre. Le match est fermé, tendu, équilibré. Et puis arrive ce but cruel de İlhan Mansız en prolongation. Fin de l’histoire.
Le Sénégal sort invaincu du tournoi… mais éliminé. Le pire scénario. Une aventure magnifique, mais une sortie par la petite porte. Comme une impression d’inachevé, de rendez-vous manqué avec l’histoire.
Ghana 2010 : la main de tous les regrets
Ce 2 juillet 2010, à Soccer City, l’Afrique entière est derrière le Ghana. Quart de finale contre l’Uruguay, dernière sélection africaine encore en lice. Et à la 120e minute, sur un corner, le ballon file au fond… mais Suarez le repousse de la main sur la ligne. Penalty pour Gyan. Toute la planète retient son souffle.
La suite est connue. Gyan frappe la barre. Puis le Ghana s’écroule aux tirs au but. Ce n’est pas qu’un match perdu, c’est une cicatrice ouverte dans le cœur du football africain. L’histoire aurait pu changer ce soir-là. Mais elle a choisi de rester figée.
Nigeria 1998 : l’effondrement brutal
Ils avaient fait rêver l’Afrique en 1994, ils arrivent en France avec des stars partout : Okocha, Oliseh, Finidi, Kanu, West… Et surtout, ils frappent fort : victoire contre l’Espagne (3-2), qualification assurée en deux matchs.
Mais ensuite, le Nigeria s’effondre. Défaite 3-1 contre le Paraguay, puis humiliation en huitième face au Danemark (4-1). Plus rien ne fonctionne. Apathie collective, défense à la rue, aucune réaction. Une équipe qui avait tout pour aller loin, mais qui s’est désintégrée sous la pression.
Un immense gâchis, surtout vu le potentiel. L’une des générations les plus prometteuses du continent, sortie par la petite porte.
Algérie 1982 : le vol de Gijón
La victoire 2-1 contre l’Allemagne de l’Ouest avait secoué la planète. Madjer, Belloumi, Assad : une équipe algérienne joueuse, talentueuse, audacieuse. Mais après cette performance, les Verts ne passent pas le premier tour… à cause d’un arrangement honteux entre l’Allemagne et l’Autriche.
Le 25 juin, à Gijón, les deux équipes s’échangent quelques passes molles après un but rapide de Hrubesch. Zéro engagement. L’Algérie est éliminée sans jouer. Le scandale est tel que la FIFA imposera, plus tard, que les derniers matchs de poule se jouent en simultané.
Ce jour-là, ce n’est pas juste une sélection qui a été volée. C’est la dignité du football africain qui a été piétinée.