La Coupe d’Afrique des Nations a offert au fil des années des moments inoubliables, gravés dans la mémoire des passionnés du continent. Depuis le début du 21e siècle, cette compétition a été le théâtre de scènes de liesse, de drames et d’exploits hors normes. Voici dix instants qui ont marqué l’histoire récente de la CAN à jamais.
Le but légendaire de Mido contre le Sénégal en 2002
La CAN 2002 au Mali a été marquée par un duel dantesque entre l’Égypte et le Sénégal. Et si le Sénégal version 2002 était une machine de guerre emmenée par El Hadji Diouf, Khalilou Fadiga ou Henri Camara, c’est bien Ahmed Hossam Mido qui a laissé son empreinte dans ce match. Sur un centre millimétré venu de la droite, le jeune attaquant égyptien place une tête rageuse au second poteau et fait trembler les filets. Ce but ne sera pas suffisant pour éliminer les Lions de la Teranga, mais il symbolise le tempérament de feu de Mido et le panache d’une génération égyptienne en pleine transition. Une action limpide, dans un match tendu, où chaque détail comptait.
La masterclass de Didier Drogba en 2006
On était en pleine renaissance ivoirienne. Après des années d’absence sur le devant de la scène, la Côte d’Ivoire débarque en Égypte pour la CAN 2006 avec une génération dorée. Et au milieu de tout ça, un homme : Didier Drogba. Son but contre le Cameroun en quart de finale reste gravé dans les mémoires. Puissance, lucidité, finition clinique. Drogba porte littéralement les siens vers la finale. Si les Éléphants échoueront face à l’Égypte aux tirs au but, la CAN 2006 consacre Didier comme le patron du foot africain. Le moment où l’Afrique toute entière a vu qu’il n’était pas qu’un goleador de Chelsea, mais un vrai leader continental.
L’explosion du Ghana contre le Nigeria en 2008
Le Ghana accueillait sa CAN en 2008 avec une pression maximale. Mais ce quart de finale face au grand rival nigérian était bien plus qu’un match : c’était une guerre de territoire, une bataille d’ego, un bras de fer psychologique. Le Nigeria ouvre le score sur penalty par Yakubu, mais les Black Stars ne tremblent pas. Michael Essien et Junior Agogo renversent tout. Le stade d’Accra devient une cocotte-minute. C’est la victoire d’un peuple, portée par la classe d’Essien et l’énergie d’un groupe en mission. L’un des matches les plus électriques du XXIe siècle en Coupe d’Afrique.
Le miracle zambien de 2012
Ce n’est pas juste un moment iconique, c’est une histoire de football comme on en fait peu. La Zambie arrive en outsider absolu à la CAN 2012, mais avec un mental d’acier et un objectif clair : honorer la mémoire de la génération disparue dans le crash de 1993. Et ce 12 février 2012 à Libreville, là où le drame s’est produit, les Chipolopolo battent la Côte d’Ivoire de Drogba aux tirs au but. Kalaba, Sunzu, Katongo, Mweene… tous deviennent des héros éternels. Un conte africain, pur et inaltérable. Le genre d’histoire qui fait pleurer même les plus insensibles.
Le coup de génie de Mahrez en demi-finale en 2019
Algérie-Nigeria, demi-finale de la CAN 2019. Le match est à couteaux tirés, la tension est insoutenable. Et à la 95e minute, alors qu’on s’oriente vers les prolongations, Riyad Mahrez prend ses responsabilités. Coup franc aux 20 mètres, plein axe. L’ailier de Manchester City envoie une frappe chirurgicale du gauche, en pleine lucarne. Le stade explose, toute l’Algérie est en transe. Ce moment devient instantanément une image d’Épinal pour les Fennecs. L’Algérie remportera la finale quelques jours plus tard, mais c’est ce but-là qui restera comme le tournant émotionnel du tournoi.
La fin de règne des Pharaons en 2010
Triple tenants du titre, les Pharaons d’Égypte arrivent à la CAN 2010 en Angola avec la pancarte de favoris. Pourtant, personne ne s’attendait à une telle démonstration. Ils balayent le Cameroun, le Nigeria, et atomisent l’Algérie 4-0 en demi-finale dans un match sous haute tension géopolitique. En finale, ils éteignent le Ghana grâce à un but de Mohamed Nagy « Gedo ». Trois CAN d’affilée (2006, 2008, 2010), un record. L’équipe de Hassan Shehata entre dans l’histoire, avec une emprise totale sur le continent pendant 6 ans. Un rouleau compresseur sans égal.
L’exploit équato-guinéen en 2015
Personne n’attendait la Guinée équatoriale. Pays hôte de la CAN 2015, elle dispute un quart de finale surréaliste face à la Tunisie. Menée 1-0 à la 90e minute, la Nzalang Nacional arrache l’égalisation sur un penalty très controversé. En prolongations, c’est Javier Balboa qui offre la victoire. Le stade explose. Ce match, aussi fou que polémique, reste comme le sommet émotionnel de cette édition. Une nation toute entière transcendée, un scénario hollywoodien, un parfum d’injustice pour certains, de miracle pour d’autres. La CAN, dans toute sa folie.
Le hold-up du Cameroun en 2017
Avec une équipe largement remaniée, sans ses stars habituelles, le Cameroun débarque au Gabon sans grandes attentes. Mais Hugo Broos parvient à créer une alchimie parfaite. Après avoir sorti le Sénégal en quart aux tirs au but, les Lions Indomptables surprennent tout le monde en finale contre l’Égypte. Aboubakar, entré en cours de jeu, inscrit le but de la victoire d’un contrôle orienté et d’une volée splendide. Ce but restera à jamais dans l’histoire du foot camerounais. Une victoire inattendue, méritée, et portée par l’audace.
La gifle de l’Algérie à la Côte d’Ivoire en 2010
On l’oublie parfois, mais le quart de finale entre la Côte d’Ivoire et l’Algérie lors de la CAN 2010 est une masterclass de suspense. Drogba pense tuer le match à la 89e, mais l’Algérie égalise immédiatement par Bouazza. En prolongations, les Fennecs renversent tout grâce à un but d’anthologie de Bouguerra. Le match est un condensé de tension, de rebondissements, et de rage. Cette victoire propulse l’Algérie en demi-finale pour la première fois depuis 1990, et relance une nation.
Le Maroc tombe le Ghana en 2022
La CAN 2022 au Cameroun a vu le Maroc envoyer un message fort dès la phase de groupes. Opposés au Ghana, les Lions de l’Atlas livrent une prestation intense et solide. Le but d’Aguerd en fin de match est une libération. Hakimi, Amrabat, En-Nesyri : tous au diapason. Ce succès place d’emblée le Maroc comme un sérieux outsider. S’ils ne vont pas jusqu’au bout, ce match marque le retour d’une équipe disciplinée, tactiquement affûtée, et prête à se battre. Un moment qui symbolise la montée en puissance du Maroc dans le paysage africain moderne.