Il y a des trajectoires qui ressemblent à des destins inachevés. Celle de Youssef Msakni en fait partie. À l’aube d’une saison cruciale, marquée par une Coupe d’Afrique des Nations et le début d’un nouveau cycle vers le Mondial, le capitaine de la Tunisie se retrouve sans club. Pour un joueur qui a tant porté sa sélection sur ses épaules, l’image est forte : l’emblème des Aigles de Carthage sans port d’attache, mais toujours attendu pour guider les siens.
Un parcours entre promesses et exils dorés
Tout a commencé à l’Espérance de Tunis, où il a éclaboussé de son talent les terrains du championnat et inscrit son nom dans la légende sang et or avec, notamment, la Ligue des champions africaine 2011. Très vite, son flair, sa technique et son sens du jeu en ont fait l’un des grands espoirs du football tunisien. Une courte parenthèse en Belgique, du côté de La Louvière Centre (anciennement Louvain), lui a ouvert une fenêtre vers l’Europe, mais l’aventure n’a pas duré. C’est au Qatar que Msakni a décidé de poser ses valises : Lekhwiya, devenu Al Duhail, où il a raflé titres de champion et coupes à répétition, puis Al Arabi, son dernier club, où il a continué à régaler par ses dribbles et sa vista.
Le choix du Golfe plutôt que l’Europe
Ceux qui connaissent le joueur le savent : avec ses qualités, il aurait pu écrire une histoire différente. S’il avait persévéré sur les pelouses européennes, Msakni aurait pu devenir l’un de ces ambassadeurs tunisiens au plus haut niveau, à l’image de Mohamed Salah pour l’Égypte, Riyad Mahrez pour l’Algérie ou encore Achraf Hakimi pour le Maroc. Au lieu de ça, son choix de carrière l’a mené dans le confort du Golfe, loin des projecteurs des grands championnats. Cela n’enlève rien à son talent, mais laisse le goût amer d’un rendez-vous manqué avec l’Histoire.
Le défi d’une saison charnière
Aujourd’hui, l’urgence est ailleurs : retrouver un club, retrouver du rythme, et prouver qu’il reste encore du feu dans ses jambes. Car à 33 ans, les occasions se font rares et les échéances s’accumulent. La Tunisie, elle, compte toujours sur lui. Dans un groupe souvent en reconstruction, son expérience, son calme et sa capacité à renverser un match sur un geste font la différence. Mais pour tenir son rôle de guide, il doit arriver en forme, et seul un projet sportif solide peut lui offrir cette garantie.
Boucler la boucle avec l’Espérance ?
Dans les travées de Radès, certains rêvent déjà d’un retour. Revoir Msakni sous le maillot de l’Espérance de Tunis aurait tout d’un symbole : boucler la boucle, retrouver ses racines, porter une dernière fois les couleurs sang et or avant de tirer sa révérence. Ce serait aussi l’occasion de se réconcilier avec une partie de son histoire, de rappeler que malgré les choix parfois discutés, il reste l’un des plus grands talents tunisiens de sa génération. Le temps file, mais le capitaine n’a pas dit son dernier mot.