Dans l’ombre des projecteurs braqués sur les jeunes pépites africaines, certains techniciens ont su tirer leur épingle du jeu. Cinq sélectionneurs ont particulièrement marqué cette édition de la CAN U20, autant par leur vision que par leur impact sur le terrain.
Mohamed Ouahbi, l’architecte du Maroc collectif
À la tête des Lionceaux de l’Atlas, Mohamed Ouahbi a confirmé tout le bien que l’on pensait de lui. Plus qu’un sélectionneur, c’est un bâtisseur. Il a su façonner une équipe où la possession n’est pas un dogme stérile, mais une arme tranchante. Le Maroc U20, sous ses ordres, a proposé un football léché, technique, mais toujours avec cette obsession du déséquilibre offensif. Sa gestion des temps faibles et son animation défensive compacte ont bluffé plus d’un observateur. Avec lui, les jeunes marocains n’ont pas seulement appris à jouer : ils ont appris à gagner avec style.
Serigne Saliou Dia, l’homme de la continuité sénégalaise
Il connaît la maison sur le bout des doigts, et ça se voit. Serigne Saliou Dia, c’est la stabilité au service de la performance. Ancien coach des U17, il a naturellement pris les rênes des U20 avec une vraie vision de continuité. Résultat : une équipe du Sénégal ultra-disciplinée, au pressing haut, à l’intensité dévorante. Ses choix tactiques, notamment l’utilisation d’un double pivot destructeur-relanceur, ont permis au milieu sénégalais de dicter le tempo. Il ne cherche pas à briller individuellement, mais à mettre ses garçons dans les meilleures conditions pour performer. Un vrai meneur d’hommes.
Desmond Ofei, le stratège ghanéen
Le Ghana a retrouvé des couleurs dans cette CAN U20 grâce à lui. Desmond Ofei, avec son profil très “coach européen”, a insufflé un vent nouveau aux Black Satellites. Sa patte ? Une flexibilité tactique rare à ce niveau : il n’a pas hésité à passer d’un 4-3-3 dynamique à un 3-4-2-1 en cours de tournoi, adaptant son schéma aux forces adverses. Ce pragmatisme moderne, allié à une communication efficace avec ses joueurs, a permis au Ghana d’alterner jeu direct et phases construites. On sent chez lui une approche très analytique, presque « data-driven », sans jamais perdre la saveur africaine du jeu.
Guy Bukasa, l’âme congolaise sur le banc
Le football, chez Guy Bukasa, c’est avant tout une affaire d’émotion. Sélectionneur de la RDC U20, il a incarné la passion à l’état brut. Très proche de ses joueurs, presque paternaliste dans sa gestion du groupe, il a su tirer le meilleur de profils parfois encore bruts. Tactiquement, Bukasa a surpris par son audace, n’hésitant pas à empiler les profils offensifs pour renverser une rencontre. Il a transformé des matchs fades en véritables duels de caractère. Son équipe, c’était un condensé d’orgueil, de puissance et d’élans créatifs. Avec lui, la RDC a rugi.
Aliyu Zubair, le cerveau discret du Nigeria
Moins médiatisé, mais redoutablement efficace, Aliyu Zubair est l’exemple même du technicien qui préfère parler sur le terrain. À la tête du Nigeria dans cette CAN U20, il a fait preuve d’une rigueur tactique impressionnante. Le bloc nigérian, souvent compact et discipliné, a mis en difficulté plusieurs adversaires plus flamboyants. Zubair a misé sur la transition rapide, la verticalité et l’efficacité dans les zones clés. Chaque mètre carré semblait travaillé à l’entraînement. Son équipe a joué simple, mais juste — et surtout, avec une grande maturité. Discret en dehors du rectangle vert, influent à l’intérieur.